lundi 29 novembre 2010

Raymond Hains, Jacques Villeglé et François Dufrêne, amis de toute une vie

Raymond Hains, François Dufrêne, 12 avril 1954 à Paris
(Photo: Jacques Villeglé)
Raymond Hains (Mon Encyclopedie Clartés) arrive en 1945 à l’école des beaux arts de Rennes où il fait une rencontre décisive, celle de Jacques Villeglé (http://www.villegle.fr/)


Il s’installe à Paris en 1946, mais retrouve Villeglé, très souvent tant à Paris qu’en Bretagne.
La première exposition de Raymond Hains a lieu chez Colette Allendy  où il expose ses photographies en 1948. Il y rencontre Pascal Vitali.

Raymond Hains, par goût du graphisme, utilise, à partir de 1950, les verres cannelées pour déformer les noms de ses amis, Goez, Vitali, Villeglé et Bryen et créer ainsi les lettres éclatées ou « ultra lettres ». Hépérile, l’un des poèmes phonétique de Camille Bryen (www.lespressesdureel.com) , éclaté en ultra-lettres en 1953, devient ainsi le "premier poème à délire". Raymond Hains est selon Camille Bryen l'un des deux Christophe Colomb des ultras-lettres (tract annonçant la parution de Hépérile, Paris, librairie Lutetia ,1953). Se reporter à l'ouvrage "Les 3 Cartier, du grand Louvre aux 3 Cartier", de la Fondation Cartier pour l'art contemporain, 1994. 




Pascal Vitali suit avec beaucoup d'attention l'aventure de l’invention de « l’Hypnagogoscope » (hypnose, sommeil, agôgos qui conduit et skopein, observer). Raymond Hains parlait « d’une sorte de vertige né du passage des lettres du lisible à l’illisible. Ce vertige visuel face aux déformations des mots, rejoint le plaisir éprouvé lorsqu’il assiste aux premières lectures de poèmes lettristes par Isidore Isou, François Dufrêne et Gabriel Pomerand.  

Photo  abstraite de Raymond Hains,
donnée à l'époque de sa première exposition chez
Colette Allendy

Œuvre offerte en 1950 à Pascal Vitali par Raymond Hains.
Cette œuvre est depuis 1998 au musée des Beaux-arts de Nantes







 Jacques Villeglé, depuis 1950, met au point le personnage de "Lacéré Anonyme" pour rassembler des œuvres collectées depuis octobre 1950 comportant des arrachages à thème politique et des petits formats dépourvus de lettres et de figures. Ces œuvres seront exposées dans l'appartement-atelier de Dufrêne en juin 1959, rue Vercingétorix. Dufrêne y intégrera quelque uns de ses "dessous d'affiches". Raymond Hains y apportera deux ou trois affiches au dernier moment.
Une rétrospective a été présentée en 2010 à la galerie Vallois à Paris (galerie vallois)

Œuvre intitulée "Rue Pierre Demours", janvier 1958, offerte par Jacques Villeglé à Pascal Vitali
François Dufrêne, poète phonétique, s'intéresse au principe des ultras-lettres. Ami de Yves Klein, il rencontre Raymond Hains et Jacques Villeglé avec lesquels il s'intéresse aux possibilités expressives de l'affiche lacérée par les passants anonymes. Il participe notamment avec César aux expositions des artistes du groupe des Nouveaux Réalistes. 
Dessous d'affiches (10x14 cm) offertes par François Dufrêne entre 1960 et 1962


"C'est à la poésie que depuis toujours,je me destinais et singulièrement à la poésie phonétique depuis 1946, poèmes lettristes, jusqu'en 53-54, puis, après rupture avec le Groupe, depuis 54 à aujourd'hui, CRIRYTHME "ultra-lettristes" (musique concrète vocale créée directement sans partition au magnétophone) ainsi que, parallèlement, des entreprises "infra-lettristes" comme le Tombeau de Pierre Larousse..Cependant, c'est le 2 février 1954 que je rencontrais Raymond Hains. Il me fit aussitôt connaître Jacques de La Villeglé, et je me liais rapidement d'amitié avec eux deux. Leurs activités de "ravisseurs" d'affiches lacérées par les passants anonymes, me laissaient, je dois dire, complètement indifférent (...) Du moins jusqu'en ce mois d'octobre 1957, date de leur première exposition chez Colette Allendy. C'est là que j'eus la révélation de ce pouvait être plastiquement le résultat d'une démarche qui, somme toute, m'avait paru tant soit  peu "littéraire". A la fin de la même année, voyaient le jours mes premiers Dos, Dessous, ou Envers d'affiches (...) François Dufrêne, Archi-Made, ENSBA, Paris 2005.